Depuis le pont du bateau pour Athènes, j'observe une trentaine de réfugiers sortir du bus, ce bus que j'ai souvent vu depuis le camp de Moria. Une trentaine partent, alors que au petit matin 230 personnes sont arrivées au camp, s'ajoutant aux 7500 entassées sur la superficie du camp, prévue pour 3000 personnes.


Quelques photos de la décharge des gilets de sauvetage et des bateaux pneumatiques, aidant à réaliser l'ampleur de la crise :

 


Les familles sortant du bus se prennent dans les bras, en voyant ce bateau, qu'ils attendent depuis 1, 2, voir 3 ans. 3 ans dans ce camp dont je ne vais pas décrire les conditions, car à moins d'y avoir vécu, il me semble impossible de se les représenter.


Les photos étant interdites, un des volontaire a fait un petit dessin de l'entrée du camp :

     

Je pense plus particulièrement aux 136 personnes de la section B, section sécurisée afin de permettre à certains réfugiers encore plus sensibles que les autres d'avoir un espace ou ils se sentent un peu en sécurité. (Oui, dans certains endroits du camp les femmes portent des pampers la nuit, afin de ne pas devoir marcher jusqu'aux toilettes, tellement le risque de se faire agresser est elevé).


Dans la section B, dont je me suis occupé pendant ces 3 semaines, se trouvent 96 ados et 40 femmes. 

96 mineurs qui ont perdu leur famille, avant ou pendant leur voyage jusqu'en Grèce. J'ai essayé de passer le maximum de temps avec eux, à discuter, jouer au foot ou basket, chanter, danser, ou encore leur apprendre à nager dans la mer. Mais j'ai aussi peiné à arrêté le sang de couler le long de leurs bras, lorsque je tombais sur un d'eux caché, une lame de rasoir à la main.

J'ai aussi fait de mon mieux pour ne pas devoir appeler la police pour séparer les bagarres violentes qui démarraient sans raison, et ai fait en sorte que les objets volés reviennent à mon bureau.


40 femmes qui ont fait le voyage seule, et qui pour la majorité on été victime de maltraitance et d'abus sexuel, en prison ou sur la route. Plusieurs sont enceintes ou ont un nouveau né.


Des discussions, des questions, des rires et des pleurs partagés qui m'ont boulversés. Le parcours de ces jeunes est juste hallucinant. On pourrait écrire un livre sur chacun d'eux. Mais pour vous économiser du temps, voici un ultra-résumé d'un jeune que j'ai rencontré à Moria: Sharif.

Maintenant Sharif est toujours sur cette île et m'a partagé sont histoire, avant que j'aprenne qu'une vidéo ait été faite à son sujet.


https://youtu.be/YDneVMh8nCs


Des voyages semblables depuis la Syrie, l'Afganistan, l'Irak, l'Iran, le Pakistant, mais aussi le Congo, la Guinée, le Ghana, l'Egypte ou l'Algérie. (Il y a des refugiers de 30 nationalités différentes dans le camp...)         

Pour avoir toutes ces nations  rassemblées dans un petit espace, les choses se passent relativement bien à Moria, et la vie continue malgrés tout. On  retrouve des petits commerces bricolés comme des coiffeurs et cafés.


Bref. Je pourrais continuer pendant longtemps. Mais j'aime pas ecrire, surtout sur mon téléphonne. Et pas sur que beaucoup de personnes me lisent.


Je pars de Lesvos, je quitte Moria. Je fais preuve d'énormément d'égoïsme. J'ai beaucoup hésité a rester et a ne pas faire mon voyage à vélo. Mais c'est grâce à celui-ci que j'ai pu réellement prendre connaissance de cette situation, et que j'ai pu un peu aider. C'est lui qui m'a permi d'être ici et me permettra de voir d'autres choses. Si je décide de m'investir plus sérieusement à Moria, je reviendrai.


Pour finir, quelques photos de cette magnifique île, sur laquelle on ne peut presque plus voir de touristes depuis le début de la crise en 2015. Les grecques souffrent beaucoup des immages diffusées sur nos écrans, alors qu'une personne non-informée ne remarquerai rien de spécial sur l'île.

Bref venez en vacances à Lesvos ! C'est magnifique, peu cher, et vous supporterez les locaux.